Récit d’un all-dayer : cidre et fleuron rock’n’roll

Nos amis d’outre manche ont toujours été plus clairvoyants lorsque il s’agit de musique. La preuve ultime ? Faire un concert de jour. Un all-dayer, ils appellent ça. Toute la journée. De quoi apporter une ambiance festival à un jour d’hiver sombre et frais. L’arrivée se fait à 16h, bien que le public soit timide et épars aux débuts. Pour accueillir ce type d’événement quoi de mieux qu’une belle grosse salle, type la Cigale ? À la montée des étages, les dalles de marbres se dérobent à nos yeux et les faux plafonds s’alignent. Le balcon a l’envergure des plus beaux, chaises de velours et dorures sur fer forgé. Nous somme à Kentish Town, à l’O2 Forum, un ancien cinéma à la décoration art déco. Ce qui s’y passe ce soir là n’est pas bien loin du divertissement que les films procurent…

 

The Fall

 

Un homme arbore une belle protubérance sur le front, la démarche courbée, il crache et s’époumone. Cet homme c’est ce qu’il reste de The Fall, un groupe made in Manchester qui sévissait sévère en même temps que Joy Division (avec qui il a partagé l’affiche) et Buzzcocks. À lui seul il porte sur ses épaules affaiblies toute l’identité d’un groupe anachronique. Mark E. Smith, 59 ans, en fait bien plus, on accuse tout un tas de cochonneries. Il continue malgré ce vieil âge et sa condition à donner ce qu’il peut sur scène. Parce qu’on n’accueille jamais une telle pointure direct, il faut bien évidement d’autres noms, présents pour faire monter la tension avant l’explosion ultime. Pour ce faire, Club the Mammoth, l’organisateur, a réuni le fleuron de la scène anglaise. Il y a du tout nouveau comme du un peu plus vieux. Goat Girl ouvre le bal, suivi de Tigercub puis Hookworms (présents au line-up de la Route du Rock hiver 2016).

 

Tigercub
Hookworms

 

Autant vous le dire tout de suite il nous reste peu d’énergie en ce week-end de neige et de grisaille pour défendre toutes les prestation de cette soirée. Quitte à choisir autant désigner Girl Band. Non pas que le concert de Future Of The Left qui suivait ne nous a pas fait taper du pied tout en réprimant l’envie de lever le poing. C’est simplement que certaines performance vous prennent de court et vous font bien vite oublier tout le reste. Et parfois-même votre nom.

 

Futur Of The Left

 

Girl Band est étonnant, car c’est le genre de groupe qui se contre fout des constructions musicales classiques, qui débarque avec une colère viscérale se traduisant en un chaos sonique pur et ingénu. Ça sonne froid, dissonant, pas mal crissant. Le chanteur a la belle verve de la jeunesse, il se bat avec ses démons et n’hésite pas un instant à se plonger dans le laisser aller inconditionnel. Il semble se tordre de douleur, secouer sa bile et maltraiter ses cordes vocales encore et encore. Dit comme ça, ça peut paraitre assez classique comme histoire, mais ça ne l’est pas vraiment. Pas de cette façon là en tout cas. Bon… Face à un tel ras de marré notre ouïe a légèrement souffert, mais pas de regret, on le referait sans hésitation. Que dire de plus de ce week-end improvisé en terre sainte du rock’n’roll ? Le cidre y est toujours aussi bon. Si il y a donc bien deux choses à retenir de tout ça c’est 1. À quand le all-dayer récurrent en France ? 2. À quand du cidre en pression de qualité dans les bars français ?

 

Girl Band

 

Words : Chayma Mehenna

Photos : Lucie Zorzopian

Chayma Mehenna

Culture enthousiaste et passionnée d'arts et de musique particulièrement de garage et psych rock.

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